Pour les petits et les grands
Cannes : “En fanfare”, d’Emmanuel Courcol, “feel good movie” au goût de guimauve
CANNES PREMIÈRE – Des milieux sociaux aux antipodes et deux frangins qui se découvrent… En surjouant le choc des cultures et le déterminisme social, cette comédie bien frenchie a un petit goût de déjà-trop-vu.
Par Jérémie Couston
Publié le 20 mai 2024 à 17h08
Mis à jour le 22 mai 2024 à 09h54
Hasard des télescopages cannois, on a vu ce sympatoche feel good movie à la mise en scène décorative et au scénario cousu d’avance (oui, cousu d’avance) juste avant la tornade gore de Coralie Fargeat, The Substance, et on avoue être davantage team Demi Moore coupée en deux que team trombone à coulisse, mais les voies du sélectionneur sont impénétrables et puisqu’il faut en parler, on s’y met de bon cœur.
Scénariste attitré de Philippe Lioret (Welcome) et d’Édouard Bergeon (Au nom de la terre), Emmanuel Courcol a donc un master en bons sentiments et un CAP corderie (option grosses ficelles). On avait pu s’en rendre compte dans son film précédent, Un triomphe, qui bénéficiait généreusement du « label Cannes 2020 » comme la moitié du cinéma français, alors privé de Croisette pour cause de pandémie.
Comédien sur le déclin, Kad Merad retrouvait goût au métier en montant Godot dans une prison, où on a le temps de méditer sur le sens du verbe poireauter. Parmi les détenus beckettiens, Pierre Lottin, alias Wilfried Tuche, qui rempile ici dans le rôle à peine moins chargé du frère ouvrier surprise de Benjamin Lavernhe, chef d’orchestre (de Cleveland) bon chic bon genre. Les deux ont été adoptés, mais l’un par des prolos de Douai (ou Tourcoing, on sait plus) et l’autre par des bourgeois de Meudon (on a retenu, on en vient). Atteint d’une leucémie, Thibaut a besoin d’une greffe de moelle osseuse et, à la faveur d’un test ADN avec sa sœur, il découvre le pot à l’eau de rose : Marie-Claire n’est pas sa mère et son frère biologique s’appelle Jimmy et il joue du trombone dans une fanfare du Ch’Nord.
Pas la peine de vous faire un dessin : ça sent le bœuf et la carbonade entre les deux frangins qui, tiens donc (sol-fa), ont tous deux l’oreille absolue. Choc des cultures et déterminisme social, saison 12. Quelque part entre Les Virtuoses et La vie est un long fleuve tranquille, cette guimauve n’a rien à faire à Cannes mais nous tirera encore une larmichette dans six mois quand on tombera dessus à la télé.
pEn fanfare, d’Emmanuel Courcol (France, 1h43). Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco. Cannes Première. En attente d’une date de sortie.