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Date : 19-09-2024 22:33:47
eUn roman social
L'Éducation de la Vierge, tableau de Eugène Delacroix, dans lequel le modèle pour Sainte-Anne est Françoise Meillant, personne réelle impliquée dans La Mare au Diable.
Le roman commence par un commentaire d’une allégorie de Hans Holbein le Jeune, une gravure représentant la mort et un laboureur, cette estampe fait partie d'une série intitulée Les Simulachres de la mort. Il se déroule dans le cadre champêtre du Berry, parmi des personnages de paysans. George Sand cherche à donner une dignité littéraire à des personnages considérés comme frustes. Ils manifestent une grande élévation morale et possèdent une psychologie complexe, rapportée aux gravures de Holbein le Jeune[réf. nécessaire].
La Mare au diable se compose comme un récit initiatique, c'est un roman de formation. Germain éprouve l'exercice de la volonté d'un homme adulte. Il trouve son accomplissement, dès le début du roman, par le travail du défrichement, accompagné de la puissance presque magique de son chant, la suite de l'histoire devenant l'explication de l'exercice1.
George Sand n'a de cesse de montrer et démontrer l'intelligence et la finesse des personnages paysans, dans leur corps et dans leur esprit. Par exemple, elle qui est la familière des plus grands musiciens de son temps (Liszt, Chopin...), affirme que la musique paysanne vaut, voire dépasse, la musique citadine. Dans ce roman elle fait intervenir cette fibre musicale au début (avec le chant du laboureur, pour magnifier son travail) et à la fin (à la fête du mariage, support d'intelligence collective)1.
George Sand marque son estime pour les figures paysannes par l'existence d'au moins un personnage réel dans son roman : Françoise Meillant, citée dans l'appendice au chapitre III. Cette femme est au service de George Sand pendant une vingtaine d'années. Elle a été modèle pour Delacroix pour la Saint-Anne dans le tableau L'Éducation de la Vierge. À travers elle, c'est à la famille Meillant que George Sand témoigne son admiration et son respect, en tant que représentante de la famille paysanne berrichonne1.
La mare et les grenouilles, points centraux du roman, se trouvent dans la réalité. À l'époque de la rédaction du roman, la mare était beaucoup plus grande et était associée à un marais ; elle a été coupée en deux par une allée en 1851, par la volonté du propriétaire de l'époque. De nombreuses fois dans ses écrits George Sand parle de personnes perdues échouées au bord d'une mare la nuit au milieu de nulle part, de la peur et de la dimension que le chant des grenouilles fait explorer alors. Il s'agit d'un souvenir de sa propre enfance, une mésaventure dans La Brande entre Châteauroux et Nohant, dont elle raconte le traumatisme dans ses mémoires, Histoire de ma vie (George Sand). Il ne s'agit pas simplement d'une anecdote, mais du processus de travail de l'écrivaine elle-même, qui transforme des éléments de la nature ayant une forte résonance en processus actifs et moteurs. Ainsi la propre enfance de George Sand forme le cœur de l'initiation à la volonté du personnage fictif du roman, Germain1.
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