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Date : 24-09-2024 14:39:59
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VENISE 2024 Compétition
Critique : Jouer avec le feu
par Fabien Lemercier
04/09/2024 - VENISE 2024 : Delphine et Muriel Coulin cisèlent un film remarquable sur le bouleversement du cercle parfait d’un trio familial dont l’un des membres dérive à l’extrême-droite
Critique : Jouer avec le feu
Stefan Crepon, Vincent Lindon et Benjamin Voisin dans Jouer avec le feu
"Liberté pour qui ? Égalité pour qui ? Fraternité pour qui ?" Ce n’est pas simplement la devise de la République Française qui est ainsi remise en question par un jeune fraichement converti aux éléments de langage d’extrême droite, mais tout l’équilibre d’une petite famille soudée, composée d’un père et de deux frères, qui vole en éclat progressivement au cœur de l’excellent Jouer avec le feu [+] de Delphine et Muriel Coulin, dévoilé en compétition à la 81e Mostra de Venise.
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En s’attaquant sous l’angle de l’intime à un sujet brûlant (l’embrigadement par le biais des groupes de supporters ultras dans le monde du football, la contamination des esprits par des idées nauséabondes), les deux cinéastes françaises (qui ont adapté le roman Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin) opèrent tout en finesse, en déportant le cœur sombre général du propos (une jeune génération se sentant oubliée par le politique et cédant aux sirènes du populisme) vers une dimension beaucoup plus individuelle et passionnante : comment réagir lorsque vous découvrez à votre plus grande et désagréable surprise que votre fils et votre frère que vous aimez a basculé dans ce que vous considérez comme le côté obscur ?
"L’un d’eux avait la dégaine de ton gamin." Pour le cheminot Pierre (Vincent Lindon), réparateur chevronné de caténaires, c’est un choc quand un collègue lui raconte qu’il croit avoir reconnu son fils aîné, Fus (Benjamin Voisin), dans un groupe de "fachos" cherchant la bagarre lors d’un collage d’affiches. Depuis des années et la mort de sa femme, Pierre vit en parfaite osmose avec le sportif et sympathique Fus (21 ans) et avec son frère Louis (Stefan Crepon), un très bon élève plus introverti et âgé de 19 ans. Dans le trio et dans la maisonnée règnent la bonne humeur, la complicité, l’amour partagé du foot et la confiance. Mais le temps de l’enfance et des balançoires se craquelle brusquement et la tension monte au fur et à mesure des révélations sur l’implication de Fus dans les activités de ses potes crânes rasés… Jusqu’à quel niveau de gravité peut-on pardonner les égarements d’un fils ?
"Ça ne te gêne pas que ton frère soit là-dedans ? T’étais au courant ? – Il va se reprendre – Je m’inquiète", "il ne veut rien savoir. Il veut vivre sa vie ? Il n’a qu’à vivre sa vie, tant pis pour lui", "je veux qu’il redevienne comme avant." Le très subtil scénario écrit par les soeurs Coulin détaille avec une redoutable précision immergée avec art dans une restitution très réaliste du quotidien, toutes les étapes de l’évolution psychologique des relations à l’intérieur du trio père-frères. Une prenante analyse au scalpel qui sait aussi suggérer à merveille le passé et les dilemmes du présent quand les sentiments tendres et la loyauté se télescopent avec une incompréhension profonde grandissante. Des paradoxes de l’amour paternel et fraternel incarnés idéalement par les trois interprètes principaux et mis en valeur par une mise en scène également d’une très grande justesse, qui résonnent, sous le masque d’une simplicité très maîtrisée, avec beaucoup de force et d’humanité dans notre époque de confusion et de périls idéologiques.
Jouer avec le feu a été produit par Felicita Films et Curiosa Films et coproduit par France 3 Cinéma. Playtime pilote les ventes internationales.
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