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Faits divers - Justice
L’affaire Pierre Bodein, le combat d’une mère
Écouter (22 min)
À retrouver dans le podcast
Retrouvez désormais un nouvel épisode de "Crimes et Témoignages" chaque mardi.
Crimes et témoignages
De France Bleu
France Bleu Alsace
De
France Bleu , Paule Paganon
Mardi 10 décembre 2024 à 6:00
Par
France Bleu Alsace , France Bleu
Le 25 juin 2004, Julie, une collégienne de 14 ans, roule à vélo sur une route de la vallée de la Bruche, près des Vosges. Elle n’arrivera jamais chez elle. Le 3 juillet, son corps lacéré et dénudé sera retrouvé trente kilomètres plus loin. Olivier Vogel, journaliste à France Bleu Alsace, raconte.
C'est l'ADN de Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou", un braqueur multirécidiviste, que les enquêteurs identifient sur le vélo de Julie, 14 ans
C'est l'ADN de Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou", un braqueur multirécidiviste, que les enquêteurs identifient sur le vélo de Julie, 14 ans © Radio France - Maxime Bardou
Le 25 juin 2004, Julie, 14 ans, disparaît sur une petite route de la vallée de la Bruche, près des Vosges, alors qu’elle rentre chez elle à vélo.
La gendarmerie se mobilise aussitôt et, après d’intenses recherches dans la forêt proche, retrouve d’abord le vélo de l’adolescente. Les analyses révèlent la présence d’un ADN : celui de Pierre Bodein, dit “Pierrot le fou”, un braqueur multirécidiviste.
Le 3 juillet, la gendarmerie annonce à la mère de Julie, Françoise Holveck, que sa fille a été retrouvée. Vingt ans après cette tragédie, elle revient sur ce moment au micro d’Olivier Vogel pour cet épisode du podcast Crimes et témoignages : « Dans notre malheur, on a la chance de l'avoir retrouvée... ».
Deux autres victimes seront découvertes cet été-là : Edwige Vallée, 38 ans et Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, le corps en partie dénudé et lacéré. Des similitudes qui orientent les recherches vers un suspect unique.
Un calculateur démoniaque
Ce suspect n’est autre que Pierre Bodein, celui-là même dont l’ADN a été retrouvé sur le vélo de Julie. À 57 ans, il a déjà passé plus de la moitié de sa vie en prison ou en hôpital psychiatrique.
Mais, au printemps 2004, soit trois mois avant de s’attaquer à Julie, il est remis en liberté conditionnelle après avoir passé dix ans derrière les barreaux.
Michel Patris, psychiatre, évoque, vingt ans après les faits, la personnalité de l’accusé au micro du journaliste Olivier Vogel : « Pierre Bodein est quelqu'un qui réfléchit, qui s'adapte, qui est capable de simuler la folie. Et ce qui est frappant, c'est que sa gestuelle et son comportement collaient assez bien avec les symptômes d'un état schizophrénique catatonique ».
Il ajoute, plus tard, qu’il ne le considérait pas « tout à fait comme faisant partie du genre humain, [qu’il était] vraiment l’exemple d’une déshumanisation additionnée des qualificatifs de pervers narcissique, de psychopathe ».
L’épreuve du procès
Le procès s’ouvre à Strasbourg le 11 avril 2007. Il va durer trois mois. Des gendarmes protégés par un gilet pare-balles encadrent Pierre Bodein menotté. Ce dernier partage le box des accusés avec seize personnes, suspectées d’avoir participé au calvaire de la troisième victime, Jeanne-Marie.
Françoise Holveck ne quitte pas des yeux l’accusé : « Je tenais vraiment à faire quotidiennement face à Pierre Bodein. Je n’avais aucune appréhension à l’idée de me retrouver devant lui. Je n'avais pas de haine », explique-t-elle aujourd'hui à Olivier Vogel, journaliste à France Bleu Alsace.
Pierre Bodein parle à la barre de “complot”. Les traces de sang de ses victimes retrouvées dans sa voiture ont été déposées par les gendarmes. Il clame être étranger à tout ce pour quoi on le juge…
Son avocat, Maître Vialle, se souvient encore très bien de l’état d’esprit qui était alors le sien, comme il le relate au micro de France Bleu Alsace : « Je devenais l'avocat du diable, éventuellement l'avocat d'un animal dangereux. […]. De leur côté, les parties civiles étaient conscientes de la difficulté dans laquelle je pouvais être et elles m'ont manifesté une certaine sympathie, notamment la maman de Julie, très bienveillante. Elle comprenait parfaitement la situation ».
Pour la première fois en France, Pierre Bodein est condamné à la perpétuité dite réelle, une peine qui ne peut pas être aménagée avant une période de trente ans. Il ne peut pas espérer sortir de prison avant 2036. Il aurait alors presque 90 ans. Encore faudra-t-il que psychiatres et magistrats l’autorisent.
Combattre pour ne pas sombrer face à l’intolérable absence
Depuis, Françoise Holveck a engagé un combat contre la récidive des personnes les plus à risque, « ces bombes à retardement », comme elle l’explique à Olivier Vogel, journaliste à France Bleu Alsace. Tel est le sens qu’elle entend donner à l’association qu’elle a créée, Fondation Julie. Elle interpelle les élus, se rend sur les plateaux de télévision. Elle assiste même à des procès, lit le code pénal...
Mais bien évidemment, ce combat ne pallie ni la douleur ni l’absence, confie-t-elle à Olivier Vogel, journaliste à France Bleu Alsace : « La vie continue sans Julie. On se pose toujours la question, ‘Qu’est-ce qu'elle ferait ? Qu'est-ce qu'elle dirait ? Où serait-elle en ce moment ?’ Cette absence, c'est de la douleur, effectivement. Mais c'est plutôt le manque qui pèse ».
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